Les statues de Vix: images héroïsées de l’aristocratie hallstattienne
https://doi.org/10.34780/dfa6-836u
Abstract
Les statues de Vix ont été découvertes le 14 août 1991, par B. Chaume et W. Reinhard à la fin d’une campagne de fouilles qui marquait la reprise des recherches sur le site de Vix. Les deux statues acéphales gisaient dans le fossé, près de l’entrée d’un enclos quadrangulaire de 20 m de côté. L’une représente probablement une femme, peut-être la ‘dame’ de Vix, recouverte d’une sorte de chasuble, portant un torque à tampons; l’autre, un guerrier équipé d’une épée courte et d’un bouclier appuyé contre ses jambes; les deux statues sont en position assise. La chrono-stratigraphique du fossé a montré que la destruction violente des structures de l’enclos, mais aussi des statues, se situe à l’extrême fin du Ha D3, période où le mont Lassois cesse d’être occupé. Nous avons proposé d’interpréter les personnages statufiés dans le calcaire du Châtillonnais, comme étant des membres de l’aristocratie locale qui ont connu une forme d’héroïsation très certainement liée à des processus de pérennisation ou de transmission du pouvoir. L’enclos de Vix ‘Les Herbues’, la structure qui les abritait, devait jouer le rôle d’un sanctuaire aristocratique de nécropole. La question de la statuaire hallstattienne a trop souvent été abordée en accordant aux cultures méditerranéennes un rôle décisif sur l’émergence de cet art. La découverte du guerrier d’Hirschlanden, puis celle des statues de Vix et du Glauberg ont accentué l’intérêt pour cette interprétation. On a pu écrire, à propos du guerrier d’Hirschlanden, que la position des mains, croisées sur la poitrine, le caractère ithyphallique de la statue, la technique de la sculpture en ronde bosse, traduisaient l’influence de la civilisation grecque où de cultures inscrites dans sa mouvance. Selon nous, aucun de ces arguments n’est déterminant, puisque, par nature, ils sont transculturels. Même si on envisage que certaines composantes de la panoplie de guerrier, la cuirasse du Glauberg, une cnémide (?) à Vix, fassent référence à des modèles d’équipement, étrangers à la culture matérielle hallstattienne, l’hypothèse de productions vernaculaires reste valide puisque nous ne connaissons rien ou quasi de l’armement défensif du guerrier hallstattien qui, pourtant, devait bien exister. Dans notre démarche, nous nous attachons plus particulièrement à l’étude de l’image que nous renvoient ces statues et en quoi elle contribue à enrichir notre savoir sur la société hallstattienne, plutôt qu’à la recherche des origines de tel ou tel élément étranger qui malgré tout l’intérêt qu’ils représentent ne nous révèlent rien de plus que ce que l’on sait déjà, à savoir que le Hallstattiens entretenaient des contacts plus ou moins étroits avec les cultures méditerranéennes. Les trouvailles de Vix ‘Les Herbues’ constituent un apport majeur à la connaissance des pratiques cultuelles associées à la strate supérieure de la société hallstattienne. Ce sanctuaire aristocratique évoque un contexte aux frontières du funéraire, de la religion et du pouvoir.
Keywords:
lala