Magistratures éponymes et système collégial dans les cités grecques aux époques classique et hellénistique

Résumé

On considère généralement que les magistrats éponymes des cités grecques étaient titulaires d’une charge unique, de nature non collégiale. Mais divers savants ont relevé que certaines cités semblent avoir attribué cette fonction à de véritables «collèges d’éponymes». Cet article aborde toutes les attestations possibles de ces collèges et les problèmes institutionnels qu’ils posent. En fait, ces collèges d’éponymes sont beaucoup plus rares qu’on ne le croit. Bien souvent, la documentation est ambiguë ou inexploitable, comme les actes d’affranchissement, des textes de nature privée dont le formulaire variait considérablement. Même les décrets ne sont pas sans poser des problèmes d’interprétation. En définitive, on constate que les collèges de deux éponymes n’ont représenté que de rares solutions transitoires. Par ailleurs, les supposés collèges d’éponymes se trouvent surtout en Grèce continentale. Or, la plupart d’entre eux ne semblent avoir accordé l’éponymie qu’à un seul membre du collège, ainsi dans nombre de cités de Grèce centrale, à Thasos ou à Érétrie. En Thessalie, dans plusieurs cités, ce n’étaient pas les tagoi, les magistrats les plus importants des cités, mais un prêtre d’Asklépios qui semble avoir bénéficié de l’éponymie, du moins à l’époque hellénistique. On doit surtout souligner la diversité des solutions adoptées par les cités en matière d’éponymie: le modèle du magistrat éponyme unique aux importantes fonctions religieuses n’était pas universel. Enfin, on pouvait dater les documents sans forcément user du nom d’un magistrat éponyme, mais en citant les noms des magistrats les plus importants dans la cité et/ou dans le processus de décision. Éponymie et datation ne se recouvraient pas totalement.