Τρισαυγούστιον et φραγέλλιον. Contrôle de qualité et mesurage du grain fiscal au IVe s. apr. J.-C. à la lumière de P.Mich. XX 800 et de l’inscription tardive du grenier d’Andriakè (Grégoire, Recueil 290)
https://doi.org/10.34780/ob23-c2x2
Résumé
Dans le connaissement fluvial P.Mich. XX 800 (354 p. C.), un κυβερνήτης déclare sous serment avoir reçu une cargaison de blé fiscal qu’il s’engage à livrer sans dommage à Alexandrie. Ce contrat est le seul à mentionner, sous le nom de λιτρισμός, une pesée de blé, et à indiquer le poids qui en est résulté pour 1 sextarius de blé. Les éditeurs, qui rapportent ce passage aux opérations de pesée connues pour être effectuées à Alexandrie, ne comprennent pas pourquoi il intervient dans la partie déclaratoire du serment, en donnant l’impression que ce λιτρισμός a eu lieu au moment de l’embarquement du blé dans la chôra. Quelques papyrus d’époque impériale montrent en fait qu’il y avait bien pesée, associée au prélèvement d’échantillon, au moment du départ d’un transport frumentaire. Cette pesée qui, d’après P.Mich. 800, porte sur 1 sextarius, visait à contrôler la qualité du blé (un blé humide, malade ou mélangé n’aurait pas eu le poids standard). Le λιτρισμός d’un sextarius mentionné dans le papyrus suggère une nouvelle interprétation pour l’inscription tardive de l’horreum d’Andriakè (388–392 p. C.), commémorant l’installation dans ce grenier de μέτρα καὶ σταθμά confectionnés sur le modèle d’étalons envoyés à cet effet par le préfet du prétoire pour l’Orient. Les noms de certains de ces poids et mesures ont donné lieu à des interprétations variées: à côté de μόδιοι (modii) et de ξέσται (sextarii), ont été confectionnés des φραγέλλια σιδαρᾶ (sic) et trois αὐγούστια curieusement associés aux sextarii (ξ(έσται) χάλκεοι β ἔχοντες τρία αὐγούστια). Il faut en fait revenir à la leçon de la pierre, τρισαυγούστια, indûment corrigée par les éditeurs en τρία αὐγούστια. Ces trisaugustea seraient des poids officiels à triple effigie impériale qui viendraient avec chacun des deux sextarii précisément pour procéder au λιτρισμός (il y a
deux sextarii, parce que ces copies d’étalons étaient destinées à deux lieux différents). Quant aux deux φραγέλλια σιδαρᾶ, il est très tentant de les rapprocher des non moins controversées regulae ferreae de l’inscription des naviculaires d’Arles CIL III 14165 (198–202 p. C.). Plutôt que d’y voir des mesures de longueur destinées à vérifier hauteur et diamètre des mesures de capacité, cet article propose de revenir à l’interprétation proposée par Waltzing pour les regulae ferreae: il s’agirait de râcloires pour raser le blé dans la mesure.